La
balistique :
qu'est-ce
que c'est au juste ?
La balistique est la
science qui étudie le mouvement des projectiles, plus particulièrement
ceux tirés par des armes à feu. La balistique se décompose
en trois parties : interne, externe et terminale.
Un petit cours sur
la balistique interne
La balistique interne,
ou la science qui étudie ce qui se passe à l'intérieur
des armes à feu lors du tir, est un sujet relativement compliqué.
Cette page n'est pas conçue pour vous donner un certain degré
de connaissance, mais plutôt pour vous fournir un arrière-plan
qui va vous aider à comprendre le sujet.
Qu'est-ce qui affecte
quoi
Parmi les choses qui
affectent la performance interne (pression et vélocité) d'une
certaine cartouche et d'un certain projectile, nous avons :
-La capacité
de la chambre à poudre (une fonction qui varie selon la grandeur
de la chambre et de la construction de la douille);
-Le taux de combustion
relatif et les caractéristiques de combustion de la poudre utilisée;
-La quantité
de poudre utilisée;
-Le diamètre,
le poids et la grandeur totale d'un projectile;
-La longueur et les
dimensions intérieures du canon;
-L'uniformité
et la vitesse de combustion de la poudre et
-La température
de la poudre avant sa combustion.
Quelques notions
de base sur la poudre
Les grains de la poudre
sans fumée se présentent sous différentes formes et
grosseurs afin de donner le meilleur résultat dans les armes à
feu dans lesquelles elles sont sensées être utilisées.
La poudre utilisée dans le canon naval de 16 pouces de diamètre
a des grains mesurant près de un pouce de diamètre et 2,5
pouces de long alors que la poudre typique de carabine a des grains mesurant
seulement 2/32e ou 3/32e de pouce et peut-être 1/32e de pouce d'épaisseur.
Plus petit est le grain plus vite il brûlera. La plupart des
poudres sont disponibles dans des grains tubulaires, sphériques
et en forme de flocons.
La plupart des grains
tubulaires ont un trou dans le centre afin de permettre une combustion
à la fois de l'intérieur et de l'extérieur uniformément.
Sans le trou, lorsque le grain brûle, sa surface va décroître
et la quantité de gaz produits va décroître également
à mesure que le grain va achever de brûler. La poudre
ce type, appelée poudre dégressive, donne une pression maximale
alors que le projectile est près de la culasse et une faible pression
à la bouche du canon. En perçant un trou au centre
du grain, la surface de combustion demeure constante et le point de pression
maximale est déplacé à un point où le projectile
est à une certaine distance à l'intérieur du canon.
Ces types de poudre sont appelés à combustion neutre.
Une autre façon
de contrôler le taux de combustion est l'utilisation d'un enrobage.
L'enrobage sur les grains de poudre contient le taux de combustion jusqu'à
temps que l'enrobage ait complètement brûlé.
Ces poudres, appelées poudres à combustion progressive, donnent
une pression maximale à un point où le projectile est déjà
rendu loin dans le canon. La technologie d'enrobage est importante
dans les poudres pour armes portatives parce que sans l'enrobage, les grains
seraient quelquefois trop gros pour être pratiques.
La majorité
des poudres commerciales pour armes portatives sont composées soit
à base de nitrocellulose (référées en tant
que poudres à simple base), soit d'un mélange de nitrocellulose
et de nitroglycérine (appelées poudres à double base).
Les poudres à double base ont un plus grand potentiel d'énergie
que les poudres à simple base. Quelques poudres modernes sont
quelquefois référées en tant que poudres "à
triple base", incorporant dorénavant un ingrédient additionnel
appelé nitroguandine, mais elles ne font pas l'objet d'une grande
distribution excepté pour les poudres militaires et quelques poudres
de grade commercial.
En tant que point d'intérêt
technique, les poudres propulsives pour armes portatives conventionnelles
ont un potentiel d'énergie d'environ 178 pieds-livre par grain de
poids. Toutefois, en pratique, cette figure n'est même pas
vaguement approchée à cause des pertes d'énergie variables
qui sont inhérentes et inévitables : l'énergie utilisée
pour pousser le projectile dans les rayures du canon, pour chauffer le
canon, etc.
Contrairement au mythe
des médias, la poudre sans fumée n'est pas un explosif, mais
plutôt un solide hautement inflammable. Notez toutefois que
nous parlons ici seulement de poudre sans fumée. La poudre
noire est un explosif et une petite quantité allumée même
dans un espace ouvert peut exploser. En tant qu'exemple, un des gros
grains de poudre utilisée dans le canon naval de 16" peut actuellement
être tenu dans la main lorsque allumé; il va tout simplement
éclater en morceaux. Même les grains individuels de
poudres pour armes portatives brûlent très lentement.
Mais, lorsque plusieurs grains d'une pile sont allumés ensemble,
la chaleur générée par chacun d'eux en brûlant
fait que le grain adjacent brûle encore plus rapidement. Un
très petit tas de poudre sans fumée brûlant à
l'air libre peut paraître inoffensif, mais l'ignition rapide résultante
peut causer une telle montée de chaleur qu'une personne se tenant
près ne serait pas capable de s'écarter assez rapidement
pour éviter d'être blessée. À l'intérieur
d'une cartouche, le même procédé survient, mais sur
une échelle de temps beaucoup plus courte.
Qu'arrive-t-il lorsque
la détente est pressée
?
Lorsque vous appuyez
sur la détente et que l'amorce éclate, la flamme intense
créée par le mélange d'amorçage remplit l'intérieur
de la douille et allume la charge de poudre au grand complet. Plus
la charge de poudre remplit la cartouche, moins les gaz générés
par la poudre en combustion vont s'expandre sans faire leur travail et
plus la chaleur générée accélérera le
processus de combustion décrit plus haut. Autrement dit, une
cartouche pleine de poudre ou presque va être plus efficace qu'une
cartouche partiellement remplie. La pression montante générée
par la poudre en combustion va pousser le projectile dans le canon.
Si le projectile est lourd, et maintenu solidement dans le collet de la
cartouche, ou si la pression des rayures sur le projectile est grande,
le confinement de la poudre est accentué et la combustion va procédé
plus rapidement que si ces conditions n'auraient pas été
présentes. Autrement dit, vous avez des plus hautes pressions
plus rapidement.
Plus le canon sera
long, plus la poudre aura de temps pour pousser le projectile; autrement
dit, vous avez de plus hautes vélocités avec un plus grand
canon, tous les autres facteurs étant égaux. Toutefois,
même lorsque non atteint avec des carabines de gros calibre, il y
a un point auquel une grandeur de canon additionnelle ne cause pas une
hausse mais une baisse de vélocité.
Lorsque le projectile
descend dans le canon et que les gaz derrière lui diminuent, il
va venir un temps, avec un canon suffisamment long, où la friction
du canon et la pression de l'air en avant du projectile vont égaler
la pression derrière lui. À ce point, la vélocité
va commencer à diminuer. Avec les .22 à percussion
latérale, ce point est atteint avec environ 14-16" de canon.
Au-delà de cette longueur, aucune hausse de vélocité
ne survient, mais la longueur supplémentaire peut être utile
pour d'autres choses telles qu'une distance entre les mires accrue ou des
exigences légales.
Si nous devons garder
la longueur du canon raisonnable, la façon d'augmenter la vélocité
est soit de changer les caractéristiques de combustion de la poudre,
de telle sorte qu'elle donne de plus hautes pressions pendant un temps
plus grand, ou simplement de brûler plus de poudre en utilisant une
plus grosse douille.
En utilisant une douille
avec une plus grande capacité, nous fournissons un volume de chambre
égal à celui du canon tout en diminuant le taux d'expansion.
Comme résultat, les gaz ont subi moins d'expansion alors qu'ils
atteignaient la bouche du canon et la pression à celle-ci est plus
haute. Puisque la pression à la bouche du canon est plus haute,
la pression moyenne le long du canon est plus haute et le projectile a
une plus haute vélocité. Il y a un désavantage
à cela. Parce que la pression à la bouche du canon
est plus haute, il y a plus d'énergie transmise à l'air inutilisé
(tel que le flash et le coup de feu) et l'efficacité de la charge
est d'ainsi réduite.
L'effet du "coup
de scie"
La question la plus
fréquemment posée est : "Combien je perds de vélocité
si je raccourcis mon canon de tant de pouces ?". Elle se rapproche
plus du taux d'expansion, même si le type de poudre joue aussi sa
part. Ainsi, il n'y a pas de réponse générale
et précise sur la quantité de vélocité perdue
par pouce de canon scié. Les carabines avec un grand taux
d'expansion tendent à perdre moins de vélocité si
le canon est coupé qu'avec des carabines avec un faible taux d'expansion.
Ainsi, une .300 Winchester Magnum va perdre plus de vélocité
par pouce de canon coupé qu'une .30-06 et il n'est pas rare pour
une petite cartouche dans un grand canon de surpasser une grosse cartouche
dans un petit canon.
À cause du fait
que les cartouches à haute vélocité ont généralement
de faibles taux d'expansion, on peut généraliser.
Un petit cours sur
la balistique externe
Il y a un tas de fausses
informations et de mythes circulant autour de la balistique externe.
La majorité des informations sont basées sur les cartouches
de carabine, mais cela est aussi valide pour les cartouches de pistolet
et de fusil.
La trajectoire du
projectile
Beaucoup de gens croient
que les projectiles volent en ligne droite. Ce n'est pas vrai.
Ils voyagent actuellement sous une trajectoire parabolique qui devient
de plus en plus courbée à mesure que la distance augmente
et que la vélocité diminue (comme une balle de tennis qu'on
lance au loin avec ses mains). En réalité, le
projectile commence à tomber dès l'instant où il quitte
le canon. Toutefois, la ligne centrale du canon est inclinée
légèrement vers le haut par rapport à la ligne des
mires (qui sont au-dessus du canon), de façon à ce que le
projectile croise la ligne de mire lorsqu'il monte (habituellement 25 verges
ou plus) et une autre fois lorsqu'il redescend à ce qu'on appelle
la portée "zéro".
La balistique terminale
La balistique terminale
est la science qui étudie ce qui se produit lorsque le projectile
frappe sa cible. Pendant très longtemps, ce sujet fut basé
sur des mythes et des incompréhensions. Ce ne fut que lorsque
des tests de simulation de tissus et des photographies aux rayons X à
haute vitesse furent effectués qu'on commença à comprendre
ce qui se passa vraiment. Encore aujourd'hui, il y a des incompréhensions.
L'incapacité
Le sujet de l'incapacité
(incapacitation, en anglais) est d'un intérêt vital à quiconque dépendant
d'une arme à feu pour protéger sa vie ou celle de ses proches
ou pour stopper un animal dangereux. Ce qui est nécessaire
dans ces deux cas (et même dans le cas d'un animal non dangereux)
est de stopper, peu importe ce que la cible a l'intention de faire.
Que la cible meure ou non de ses blessures est d'un intérêt
mineur lorsque le coup est tiré.
Pendant longtemps,
plusieurs individus croyaient que le mécanisme d'incapacité
était soit le transfert d'énergie (combien de pieds-livre
sont transférés à la cible), soit la taille de la
cavité temporaire causée par le choc du projectile lors de
son passage dans la cible.
Toutefois, la science
médicale moderne nous a montrés que le mécanisme d'incapacité,
même alors partiellement incompris, est basé sur deux composants.
Le premier est la destruction des tissus et des nerfs causée par
l'action coupante et déchiquetante du projectile lors de son passage.
En d'autres mots, faites le plus gros trou que vous pouvez. L'autre
composant n'est pas aussi facilement compréhensible et est l'état
émotionnel et physique de la cible (animale ou... humaine).
Une cible "boostée" aux stéroïdes ou affectée
par une drogue narcotique ou psychotique peut être extrêmement
résistante au choc causé par un projectile d'arme à
feu, alors qu'une cible craintive et nerveuse peut s'effondrer à
la moindre blessure mineure. Puisqu'on ne peut pas contrôler
l'état physique et mental de la cible, on n'a qu'à s'inquiéter
des dommages qu'on peut lui faire.
Il y en a qui disent
que le placement du projectile est aussi un composant. Même
s'il joue sa part dans le résultat final, ce n'est pas un composant
de la performance du projectile. Un projectile bien placé
qui cause des dommages inadéquats est beaucoup moins utile qu'un
projectile mal placé ayant fait beaucoup de dégâts.
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